1) Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Dans mon parcours professionnel, j'ai alterné expériences en entreprises innovantes (start-up, scale-up) et en conseil. Aujourd'hui Manager développement durable au sein du cabinet In Extenso Innovation Croissance, j'accompagne des entrepreneurs et dirigeants sur des projets innovants à impact ou des projets de transformation pour la transition : revue d'impact et formulation d'une thèse à impact dans le cadre d'une levée de fonds, élaboration d'une stratégie RSE et construction des feuilles de route associées, évolution des modes de gouvernance (société à mission), démarche de progrès RSE grâce à des labellisations (ex : Lucie 26.000, B Corp...), amélioration de la circularité sur des produits etc…
2) Pouvez-vous nous parler de votre implication au sein de BADGE ?
Passionnée par l'innovation et l'entrepreneuriat, j'ai rejoint BADGE en 2020. Je m'implique en particulier dans le sourcing de start-up cherchant des financements et les relations avec des associations d'alumni. Je suis aussi membre du Conseil d'Administration.
3) Quelle est votre vision de l’écosystème de l’investissement à impact ?
La prise en compte de l'impact devient incontournable dans l'innovation et son financement du fait de la nécessaire transition écologique (limites planétaires atteintes pour certaines ressources, dérèglement climatique, etc.). Cette évolution des modèles d'affaires doit intégrer à la fois les questions environnementales et les questions sociales et sociétales.
Les modèles dits à impact s'appuient d'ailleurs sur quatre dimensions : impact écologique, impact social et sociétal, partage de la valeur, partage du pouvoir (gouvernance).
Pour toutes les solutions innovantes, surtout technologiques, il devient important de les évaluer à l'aune du développement durable, et pour cela identifier les externalités de ces innovations afin de limiter leurs impacts négatifs dès leur conception, ainsi que d'optimiser leur place dans leur chaîne de valeur et leur filière.
Dans l'écosystème, on constate que les financeurs de l'innovation - publics et privés - intègrent de plus en plus une évaluation de l'impact comme condition du financement. Certains fonds d'investissements sont aussi dédiés à l'impact (article 8, article 9), avec des critères de sélection puis de suivi et reporting spécifiques pour leurs participations.
De plus en plus, la notion de performance extra-financière va de toute façon être attendue d'un point de vue réglementaire pour les entreprises.
Parmi les startups, beaucoup se focalisent sur la nécessaire transition avec des solutions innovantes permettant par exemple une adaptation au changement climatique (cleantech, greentech, tech for good ...) ou adressant des questions sociales et sociétales (éducation, santé, personnes âgées...).
D'une manière plus générale, beaucoup d'entrepreneurs, quelle que soit leur solution et leur business model, sont aujourd'hui très engagés sur les aspects RSE (responsabilité sociale des entreprises) et leurs relations avec leurs parties prenantes. Elles peuvent être entreprises à mission ou rechercher des labels type Lucie 26.000 ou B Corp pour afficher cette ambition. Très engagés, ils cherchent aussi des financeurs alignés sur leurs valeurs.
4) Comment BADGE évolue pour intégrer de plus en plus cette dimension impact ?
Grâce à son historique et ses membres experts, BADGE sélectionne en particulier depuis longtemps des greentech et cleantech, sur la transition énergétique ou la transition des mobilités par exemple.
BADGE participe activement au financement des start-up à impact : 11 start-up financées font partie du mapping des start-up à impact de France digitale en 2023.
Au-delà de l'intérêt pour des projets de rupture apportant des solutions de transition, les membres de BADGE souhaitent de plus en plus des investissements dans des projets qui ont du sens.
L'évaluation des start-up de tous types entrant dans le dealflow va évoluer en intégrant plus de critères d'évaluation sur les externalités et l'impact.
D'après les données du Baromètre des levées de fonds d'In Extenso Innovation Croissance (disponibles dans la rubrique "Informations utiles" de cette newsletter), de l'ESSEC Business School et de France Angels, le secteur de l’investissement a été marqué par certains événements saillants l’année dernière :
En 2023, le secteur de la Tech en France a récolté 9 milliards d'euros, enregistrant une baisse de 34% par rapport à 2022. Malgré cette diminution, le montant cumulé est presque deux fois supérieur au niveau pré-pandémique de 5 milliards d'euros, témoignant de la résilience et du dynamisme des start-ups françaises.
Au niveau européen, la Tech a levé 51,6 milliards d'euros en 2023, en baisse de 28% par rapport à l'année précédente. On observe une augmentation de 11% du nombre de deals en France et de 14% en Europe par rapport à 2022.
Cette année a également été marquée par une sélectivité accrue des investisseurs en France, avec une réorientation vers les start-ups en phase d'amorçage (moins de 1 million d'euros), ainsi que vers certains secteurs stratégiques particulièrement attractifs. Les trois secteurs les plus prisés en France sont l'énergie, le logiciel SaaS et la santé, tandis que les technologies de rupture, notamment dans l'intelligence artificielle, ont également eu un attrait important.
Dans un contexte de ralentissement des méga-levées et des valorisations, la France a enregistré 12 méga-levées de plus de 100 millions d'euros, impliquant des entreprises telles que Verkor, Mistral AI, DRIVECO, Ÿnsect, Amolyt Pharma, TSE, énergie de confiance, Poolside, Aledia, Accenta.ai, Ledger, mylight150 et Pasqal. Le secteur de l'énergie se positionne comme le plus attractif en Europe et en France. Parmi ces mega-levées on a en effet des entreprises centrées sur la transition énergétique et écologique : Verkor (giga-factories pour les batteries électriques), Driveco (bornes de recharge), TSE (solaire), Mylight150 (solaire). La transition a de l'avenir.
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