Interview de Patrick GALLOY (promo 1995)
Bonjour Patrick. Tu es diplômé ENSTA Paris de la promotion 1995. Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ? Comment es-tu arrivé à Deputy Plant Manager chez Siemens Gamesa?
PG. : 30 ans de travail bientôt effectivement…
J’ai passé la quasi-totalité de ma carrière dans l’industrie des équipements électriques, à commencer par Schneider Electric en VIE, puis en France. Les différents changements d’actionnaires m’ont amené à croiser le chemin de Siemens, qui m’a offert plusieurs opportunités à l’étranger, en Chine, au Danemark, en Allemagne, toujours avec ma famille et mes 3 enfants.
J’ai pu expérimenté le management de projets, les achats, et enfin des postes de management d’activités, pour revenir sur de la direction d’usine, chez Siemens Energy.
J’ai eu la chance de prendre part à l’ouverture au monde, et maintenant à la construction de la filière industrielle de l’éolien en France, avec ce magnifique projet d’une usine d’éoliennes offshore ex nihilo au Havre – 1 300 employés formés depuis 2020, qui fabrique les turbines de 5 des 6 champs actuellement attribués au large des côtes françaises.
J’ai passé la quasi-totalité de ma carrière dans l’industrie des équipements électriques, à commencer par Schneider Electric en VIE, puis en France. Les différents changements d’actionnaires m’ont amené à croiser le chemin de Siemens, qui m’a offert plusieurs opportunités à l’étranger, en Chine, au Danemark, en Allemagne, toujours avec ma famille et mes 3 enfants.
J’ai pu expérimenté le management de projets, les achats, et enfin des postes de management d’activités, pour revenir sur de la direction d’usine, chez Siemens Energy.
J’ai eu la chance de prendre part à l’ouverture au monde, et maintenant à la construction de la filière industrielle de l’éolien en France, avec ce magnifique projet d’une usine d’éoliennes offshore ex nihilo au Havre – 1 300 employés formés depuis 2020, qui fabrique les turbines de 5 des 6 champs actuellement attribués au large des côtes françaises.
Quelle a été ta spécialisation à ENSTA Paris ? Comment cela t'a-t-il aidé ?
PG. : J’ai opté pour SPR (Systèmes de Perception – Robotique), par curiosité technique.
Cela m’a-t-il servi ? Honnêtement, pas vraiment.
C’est la force d’ENSTA Paris qui forme avant tout des ingénieurs généralistes, adaptables, prêts à relever des challenges techniques pointus, mais aussi des jobs plus généralistes faisant plutôt appel aux capacités d’analyse et au savoir-être ; toutes les portes sont ouvertes, en fonction des souhaits de chacun.
Cela m’a-t-il servi ? Honnêtement, pas vraiment.
C’est la force d’ENSTA Paris qui forme avant tout des ingénieurs généralistes, adaptables, prêts à relever des challenges techniques pointus, mais aussi des jobs plus généralistes faisant plutôt appel aux capacités d’analyse et au savoir-être ; toutes les portes sont ouvertes, en fonction des souhaits de chacun.
Quelle est ton opinion sur l'évolution du marché de l'éolien en France et en Europe ?
PG. : J’anticipe une croissance relativement modérée du marché de l’éolien terrestre en Europe pour les années à venir et une certaine stabilité en France sur la base des volumes actuels, à savoir de l’ordre de 1,3 à 1,5 GW/an. Pour l’éolien en mer, la situation est contrastée avec un véritable trou d’air de 5 ans pour le marché domestique après la production en 2025 des éoliennes du Tréport dans notre usine du Havre pour installation en 2026. Dans le même temps, le marché européen sera à contrario très dynamique d’ici à 2030, à savoir un marché multiplié par un facteur de 4 à 5 à cet horizon de temps sur la base d’une installation de 3 à 4 GW ces deux dernières années.
Selon toi, quelle part doit prendre l'éolien par rapport aux autres énergies décarbonées ?
PG. : La France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 afin de lutter efficacement contre le dérèglement climatique. Cela va l’amener à réduire sa consommation globale d'énergie d’environ 1 600 TWh aujourd’hui à une valeur comprise entre 900 et 1 200 TWh selon les scénarios RTE (Gestionnaire de Réseau Transport Électricité), soit une baisse pouvant aller jusqu’à 40%. Ceci imposera une baisse de consommation des énergies fossiles alors que, dans le même temps, une croissance des besoins en électricité de 40% d’ici à 2050 est à prévoir du fait notamment des nouveaux usages, véhicule électrique, hydrogène, pompes à chaleur... Ces indications sont celles de la SNBC (Stratégie Nationale Bas-Carbone) ainsi que de RTE.
Les maîtres-mots pour répondre à cette situation sont : sobriété et efficacité.
Les maîtres-mots pour répondre à cette situation sont : sobriété et efficacité.

Aujourd’hui, l’énergie consommée reste au 2/3 carbonée en France même si la production électrique est quant à elle déjà très décarbonée. Afin de pouvoir lutter efficacement contre le dérèglement climatique en cours et toujours plus visible jour après jour, l’électrification des usages (véhicules électriques, pompes à chaleur, hydrogène…) va conduire à un besoin croissant en moyen de production décarboné. A ce titre, tous les moyens complémentaires de production décarbonée doivent pouvoir être mobilisés dans les meilleurs délais, sans exception. En ce qui concerne l’éolien, la bataille de la compétitivité a été largement gagné comme en atteste les prix de l’énergie des derniers appels d’offres pour l’éolien en mer (< 50 €/MWh). Cette compétitivité constitue la meilleure protection pour la défense du pouvoir d’achat de nos concitoyens.
Comment est abordée par les industriels la problématique de la fin de vie des pales et des éoliennes ? Quelles solutions existent à l'heure actuelle ?
PG. : Pour l’éolien en mer, Siemens Gamesa propose à ses clients la solution « RecyclableBlade » depuis 2021. Cette solution met en œuvre une nouvelle sorte de résine qui permet, en trempant la pale en fin de vie dans un bain légèrement acide chauffé à environ 80°C, de séparer la fibre de verre de la résine et de réutiliser celle-ci, par exemple pour l’industrie l'automobile (fabrication de tableaux de bord) ou chez les avionneurs (coffres à bagages) ou des coques de protection pour les écrans plats.
Depuis deux mois, Siemens Gamesa propose également cette solution pour l'éolien terrestre.
Depuis deux mois, Siemens Gamesa propose également cette solution pour l'éolien terrestre.

En termes de caractéristiques techniques et de garantie de durabilité, ces nouvelles résines ne présentent pas d’inconvénients. Leur utilisation crée de la valeur pour nos clients et pour la société. Le critère de recyclabilité des pales a d’ailleurs été introduit par l’État dans le quatrième appel d'offres pour l'éolien en mer.
Notre « RecyclableBlade » est une solution simple et robuste, développée grâce à l’ingéniosité technologique. Le seul changement apporté au processus de production des pales est notre nouvelle résine.
La première installation commerciale d’une technologie d’éolienne recyclable a récemment eu lieu sur le projet éolien offshore Kaskasi de RWE en Allemagne. Ce projet a été mis en production fin 2022. Cette solution est également mise en œuvre sur le projet éolien en mer du Calvados. Ces pales recyclables sont produites en ce moment depuis notre usine du Havre.
Notre « RecyclableBlade » est une solution simple et robuste, développée grâce à l’ingéniosité technologique. Le seul changement apporté au processus de production des pales est notre nouvelle résine.
La première installation commerciale d’une technologie d’éolienne recyclable a récemment eu lieu sur le projet éolien offshore Kaskasi de RWE en Allemagne. Ce projet a été mis en production fin 2022. Cette solution est également mise en œuvre sur le projet éolien en mer du Calvados. Ces pales recyclables sont produites en ce moment depuis notre usine du Havre.
En prenant en considération le cycle de vie des équipements, l'énergie éolienne est-elle une énergie très décarbonée ? Quelles sont les marges de progrès ?
PG. : Le cycle de vie (Figure 1) des éoliennes est pris en compte depuis la conception, les matériaux, la production, leur installation en mer, la maintenance (les éoliennes sont conçues pour durer un minimum de 25 ans) et jusqu'au démantèlement.

Aujourd’hui, en termes de CO2, le retour sur investissement (le payback) est en un peu moins de 8 mois par rapport à l'énergie nécessaire pour produire l'éolienne, l'installer et la démanteler. La différence est spectaculaire : il s’agit de 6 grammes par kilowattheure, comparé à plus de 800 grammes par kilowattheure pour une centrale charbon.
Une éolienne est constituée principalement d’acier, d’aluminium et de cuivre, matériaux que l'on sait recycler simplement puisqu’une éolienne se recycle déjà à plus de 90%. Il y a néanmoins un défi sur les pales. Aujourd'hui, on leur applique une « valorisation thermique » c’est-à-dire qu’on les brûle dans des cimenteries par exemple, une technique admissible mais qu’il faut chercher à améliorer.
Une éolienne est constituée principalement d’acier, d’aluminium et de cuivre, matériaux que l'on sait recycler simplement puisqu’une éolienne se recycle déjà à plus de 90%. Il y a néanmoins un défi sur les pales. Aujourd'hui, on leur applique une « valorisation thermique » c’est-à-dire qu’on les brûle dans des cimenteries par exemple, une technique admissible mais qu’il faut chercher à améliorer.

Revenons-en à toi. Gardes-tu un souvenir anecdotique de l’école ?
PG. : Mon âge avancé (😉) m’a permis de passer mes 3 ans boulevard Victor ! Même si mes fils n’ont pas l’air malheureux sur le plateau de Saclay, tous mes souvenirs sont ancrés sur la vie étudiante Paris intra-muros, où les « Boums ENSTA » avaient acquis une réputation certaine ! Durant mes pérégrinations professionnelles de par le monde, j’en ai eu plusieurs fois la confirmation de la part d’ingénieurs d’autres écoles !
Enfin, quels conseils pourrais-tu donner aux élèves en cours de formation à l’école pour leur future carrière professionnelle ?
PG. : Profitez ! Des moyens mis à votre disposition pour poursuivre vos rêves ; avec le recul, je réalise la chance qui m’a été offerte.
Et croyez en votre impact ! Nous sommes dans un environnement mouvant, et cela a toujours été le cas ; seule la nature des challenges évolue au fil des décennies. La mission des ingénieurs est d’élaborer les solutions adaptées. Et l’histoire le démontre.
Je suis naïvement (?) optimiste, mais résolument optimiste.
Et croyez en votre impact ! Nous sommes dans un environnement mouvant, et cela a toujours été le cas ; seule la nature des challenges évolue au fil des décennies. La mission des ingénieurs est d’élaborer les solutions adaptées. Et l’histoire le démontre.
Je suis naïvement (?) optimiste, mais résolument optimiste.
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