Interview de Laurent DUBALEN (promo 2001)
Interview réalisée dans le cadre du dossier "Ingénieurs ENSTA Paris et santé"
En quoi consiste ton métier ?
LD. : Je fais du conseil en stratégie pour les industries de santé (les laboratoires pharmaceutiques essentiellement). Mon métier consiste à mettre mon expertise du secteur au service de mes clients pour les aider à développer et mettre en œuvre les stratégies de commercialisation de leurs médicaments :
Comment évaluer le potentiel d’une thérapie innovante ? Comment accélérer l’adoption d’une nouvelle molécule ? Comment se différencier par rapport à ses concurrents ?…
Comment évaluer le potentiel d’une thérapie innovante ? Comment accélérer l’adoption d’une nouvelle molécule ? Comment se différencier par rapport à ses concurrents ?…
Quel a été ton cursus académique, et en particulier ta spécialisation à ENSTA Paris ?
LD. : Je suis rentré à ENSTA Paris (promo 2001) après une prépa MP*. À l’école, je me suis spécialisé en mécanique et systèmes de transport.
Quelles ont été les grandes étapes de ton parcours depuis ta sortie d’ENSTA Paris ?
LD. : Même si c’était un peu abstrait pour moi à l’époque, je voulais faire du conseil à la sortie de l’école. Ainsi, j’ai fait mon stage de fin d’études chez ZS Associates, un cabinet de conseil américain qui s’est avéré être spécialisé dans le secteur de la santé. C’est donc un peu par hasard que j’ai découvert l’univers des laboratoires pharmaceutiques. J’ai été embauché au terme de mon stage et j’y suis resté quatre ans. En 2005, j’ai rejoint l’industrie, d’abord au siège mondial de Sanofi (à la tête d’une équipe qui s’occupait d’analyses de marché et du suivi de la performance des principaux médicaments et filiales du groupe), puis dans la filiale française du laboratoire Sandoz (comme « sherpa » de la présidente et ensuite comme directeur commercial du business hospitalier, à la tête d’une équipe de commerciaux et du service clients). Je suis retourné dans le conseil en santé, chez Quadrant Healthcare, une société qui venait de se créer et dans laquelle j’ai été nommé associé en 2017. Aujourd’hui, je travaille chez Arthur D. Little avec la mission de développer leur practice santé en France, au Benelux et en Suisse.
De ton point de vue, quel rôle a ou doit avoir l’ingénieur ENSTA dans le domaine de la santé ?
LD. : Même si cela ne paraît pas toujours un débouché naturel pour les ingénieurs (qu’ils viennent d’ENSTA Paris ou d’autres grandes écoles), le fait est que nous pouvons occuper des postes très variés dans le secteur de la santé. À la simple échelle de mes camarades d’école :
• L’un a fait de la R&D et co-fondé une société qui crée de nouvelles protéines, dont des anticorps et des enzymes servant de base à de nouvelles options thérapeutiques ;
• Une autre travaille sur le développement de thérapies géniques dans un laboratoire pharmaceutique ;
• Un autre est à la tête des approvisionnements (supply) d’un laboratoire pharmaceutique ;
• D’autres encore travaillent comme moi dans l’univers du conseil, pour aider les laboratoires à réussir la commercialisation de leurs médicaments.
Les ingénieurs ENSTA Paris peuvent (et doivent !) donc jouer un rôle important dans les industries de santé : en R&D, en supply ou dans la commercialisation de médicaments innovants.
• L’un a fait de la R&D et co-fondé une société qui crée de nouvelles protéines, dont des anticorps et des enzymes servant de base à de nouvelles options thérapeutiques ;
• Une autre travaille sur le développement de thérapies géniques dans un laboratoire pharmaceutique ;
• Un autre est à la tête des approvisionnements (supply) d’un laboratoire pharmaceutique ;
• D’autres encore travaillent comme moi dans l’univers du conseil, pour aider les laboratoires à réussir la commercialisation de leurs médicaments.
Les ingénieurs ENSTA Paris peuvent (et doivent !) donc jouer un rôle important dans les industries de santé : en R&D, en supply ou dans la commercialisation de médicaments innovants.
Peux-tu nous donner l’exemple d’une action, d’un projet significatif que tu as mené en matière de santé ?
LD. : Un de mes projets les plus récents a consisté à aider un laboratoire pharmaceutique à lancer la première thérapie génique pour traiter les jeunes garçons atteints de la maladie de Duchenne (une maladie neuromusculaire qui provoque un affaiblissement progressif des muscles, une perte d’indépendance, avec une espérance de vie qui ne dépasse malheureusement pas 30-40 ans). Les thérapies géniques ne sont pas de la chimie classique : ce sont des traitements hyper-individualisés qui consistent à introduire du matériel génétique dans des cellules pour éliminer ou réparer un gène altéré, modifier l’ARN afin d’obtenir une protéine fonctionnelle, ou encore détruire des cellules tumorales. Ce type de thérapies très innovantes est non seulement très complexe à développer et à produire (pour les laboratoires) mais aussi à administrer aux patients (besoin de mettre en place des protocoles spécifiques pour les hôpitaux). Mon client a fait appel à nous pour les aider à mettre en place leur programme d’accompagnement des hôpitaux pour faire en sorte que les équipes médicales puissent utiliser cette thérapie génique aussi vite que possible après son approbation.
En quoi ta formation à ENSTA Paris t’a-t-elle aidé ou t’aide-t-elle dans cette action ? Dans ta fonction en général ?
LD. : En étant une école généraliste, ENSTA Paris nous apprend à naviguer dans des domaines très variés. Même si ma spécialisation était en mécanique, mon premier employeur a eu confiance en ma capacité à rapidement appréhender un domaine très différent.
De plus, les industries de santé sont très riches en données, qu’il faut savoir faire parler. Ma formation à ENSTA Paris m’a permis d’acquérir les concepts et les outils nécessaires à leur analyse.
De plus, les industries de santé sont très riches en données, qu’il faut savoir faire parler. Ma formation à ENSTA Paris m’a permis d’acquérir les concepts et les outils nécessaires à leur analyse.
Gardes-tu un souvenir anecdotique de l’école ?
LD. : En première année à ENSTA Paris, j’étais trésorier du BdE. L’apprentissage de la comptabilité analytique y fut douloureux mais largement compensé par l’excitation d’utiliser la bruyante « trieuse à pièces » pour calculer la recette des « Boom ENSTA » de l’époque.
As-tu des conseils à donner aux élèves actuels ?
LD. : Restez ouverts : comme moi, vous aurez peut-être des opportunités intéressantes dans des domaines qui ne sont pas celui de votre spécialisation.
Investissez-vous dans les associations, dont les apprentissages seront complémentaires de votre cursus académique.
Investissez-vous dans les associations, dont les apprentissages seront complémentaires de votre cursus académique.
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