Interview de Clotilde AURIOL (promo 2015)

Interview réalisée dans le cadre du dossier "Ingénieurs ENSTA Paris et santé"
 

En quoi consiste ton métier ?

CD. : Je travaille depuis un an chez Air Liquide, grand producteur de gaz français, dans la branche santé dont l'essentiel de l’activité consiste à installer des appareils d’oxygénothérapie pour des patients insuffisants respiratoires. Ma mission est de concevoir et déployer des projets d’amélioration afin de perfectionner à la fois nos outils informatiques
(outils de gestion des patients, outils de mobilité pour les intervenants...), nos processus... pour assurer une bonne prise en charge des patients.


Quel a été ton cursus académique, et en particulier ta spécialisation à ENSTA Paris ?

CD. : J'ai suivi le cursus Mécanique des fluides et mécanique des solides en deuxième année à ENSTA Paris, puis la filière Ingénierie système et génie industriel en troisième année. J’ai été diplômée d’ENSTA Paris en 2015. Par la suite, j’ai choisi de compléter ma formation en suivant un master 2 d’un an à l’université Paris-Dauphine en Stratégie des entreprises (master 101). J’ai donc achevé mes études fin 2016.

Quelles ont été les grandes étapes de ton parcours depuis ta sortie d'ENSTA Paris ?

CD. : À la suite de mes études, à partir de janvier 2017, j’ai travaillé dans le conseil chez Argon & Co, un cabinet basé à Levallois-Perret qui accompagne ses clients dans leurs projets de transformation de leur supply chain sur l’ensemble des thématiques liées à l’excellence opérationnelle. En cinq ans et demi, j’ai donc mené plus d’une douzaine de missions dans les secteurs du luxe et de la santé principalement, sur des sujets de réorganisation, d’amélioration des processus, de stratégie d’achats, d’évolution de systèmes d’information... Et, à l’été dernier, j’ai eu l’opportunité de rentrer dans le groupe Air Liquide afin de mener des projets en interne.
 

De ton point de vue, quel rôle a ou doit avoir l'ingénieur ENSTA dans le domaine de la santé ?

CD. : Avec le vieillissement de la population, la multiplication des maladies chroniques et la surcharge toujours plus critique des hôpitaux, il est nécessaire de repenser nos modes de fonctionnement afin d’assurer un meilleur confort de vie aux patients, à commencer par leur permettre de rester chez eux avec le support adéquat. Par ailleurs, c’est aussi la préservation de notre système de sécurité sociale qui est en jeu aujourd’hui, et il nous faut mieux investir pour assurer les soins pour les patients de demain. En tant qu’ingénieurs ENSTA Paris, nous avons un rôle à jouer dans la construction, la promotion et la mise en œuvre de nouvelles modalités de prise en charge des patients : parce que nous avons été formés à développer notre curiosité et proposer des solutions innovantes s’appuyant sur les nouveaux moyens (technologiques, numériques, logistiques...) aujourd’hui disponibles sur le marché, parce que nous avons été entraînés à mener des projets de manière organisée et efficace, et aussi parce que notre position nous rend apte à prendre des responsabilités afin d’adapter et de rendre pérenne notre système de santé pour les générations futures.

Peux-tu nous donner l’exemple d’une action, d’un projet significatif que tu as mené en matière de santé ?

CD. : Je donnerai l’exemple sur lequel j’ai travaillé le plus longtemps au cours de ma (courte) carrière : dans le cadre de mon poste dans le conseil, j’étais intervenue durant 14 mois chez un grand laboratoire pharmaceutique français, sur une mission de sérialisation des médicaments (c’est-à-dire la création et le traçage d’un numéro d’identification unique pour chaque boîte de médicaments de specialty care – c’est-à-dire médicaments sur ordonnance pour des maladies graves) afin d’identifier les produits issus de la contrefaçon ou la revente de produits sur des marchés parallèles. L’objectif était donc de permettre aux patients de recevoir les soins dont ils ont besoin au bon moment avec des produits testés et certifiés par des organismes agréés… et ceci en respectant les règles (très différentes) mises en place dans les pays (Chine, États-Unis, Brésil…) sur les principes de fonctionnement en matière de format de numéro et de méthodes de reporting. Un vrai défi à beaucoup de niveaux !

En quoi ta formation à ENSTA Paris t'a-t-elle aidé ou t’aide-t-elle dans cette action ? Dans ta fonction en général ?

CD. : Ma formation à ENSTA Paris m’a permis de découvrir un large panel de sujets, bien au-delà de problématiques uniquement techniques : les formations en langue (l’anglais professionnel) et en gestion de projets ont été utiles dans ma vie d’après. Le fait de découvrir des entreprises et des métiers à travers des présentations données par des intervenants de ces entreprises à ENSTA Paris m’a permis aussi de bien élargir mes horizons et ma compréhension des écosystèmes.
Par ailleurs, l’organisation du concours annuel de Nouvelles Avancées de l’école me paraît aussi une excellente idée dans le cadre d’un cursus d’ingénieur. J’ai pu y exercer ma capacité à imaginer des scénarios, à construire une trame et à rédiger : trois qualités très importantes d’un point de vue professionnel quand on veut construire et vendre une stratégie ! J’y participe encore aujourd’hui, mais dans la catégorie « grand public » désormais.

Gardes-tu un souvenir anecdotique de l'école ?

CD. : De l’école, je me souviens des cours de mécanique, de culture générale, de langues (anglais, allemand, russe) et des cours de tennis aussi ! Je me souviens des soirées d’Anim sur le plateau et des clips de Technimage (est-ce que ça s’appelle toujours bien comme ça ?), et également des soirées avec les associations (BdS, CC, club œnologie). Le plateau était encore un peu désert à l’époque (on venait tout juste d’arriver lors de ma première année en 2012) mais on avait de quoi se nourrir à proximité (enfin intellectuellement du moins !).
 

As-tu des conseils à donner aux élèves actuels ?

CD. : Principalement trois :
1. Profitez de toutes les opportunités données par l’école pour découvrir de nouvelles choses (et pas seulement en codage ou en robotique ^^) ;
2. Apprenez une troisième langue ;
3. Choisissez des stages pour apprendre des compétences concrètes et pour découvrir les vraies réalités de la production ou des métiers du service : en tant que stagiaire, vous pouvez avoir carte blanche pour visiter, observer, prendre le temps de poser des questions. En général, on n’a plus autant de liberté après !

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