Interview de Karine SEYMOUR (promo 1996)

Interview réalisée dans le cadre du dossier "Ingénieurs ENSTA Paris et santé"

En quoi consiste ton métier ?

KS. : Je travaille depuis 26 ans dans le domaine de l’informatique hospitalière, avec une expertise dans l’interopérabilité des systèmes en imagerie médicale. Je suis une « startuppeuse » récidiviste. J’ai co-fondé la société XPRIM (eXpertise en Réseaux
d’Imagerie Médicale) en 2002, activité reprise par Maincare, et fondé Medexprim (www.medexprim.com) en 2015. Je me lance actuellement dans une nouvelle aventure entrepreneuriale, avec la co-création d’Avrio MedTech, proposant des services d’analyse de signaux EEG (électroencéphalogrammes) pour la prise en charge de l’épilepsie. Mon travail actuel, en tant que CEO, consiste essentiellement à formaliser la stratégie de l’entreprise, définir la roadmap produit et commerciale, définir les budgets, trouver des financements, recruter les bons collaborateurs.
 

Quel a été ton cursus académique, et en particulier ta spécialisation à ENSTA Paris ?

KS. : J’ai bénéficié d’un partenariat avec la University of British Columbia (Vancouver, Canada), où j’ai réalisé mon année de spécialisation en ingénierie biomédicale, en même temps que l’obtention d’un Master of Applied Sciences in Electrical and Computer Engineering (1997). 20 ans plus tard, j’ai obtenu un Executive MBA de Toulouse Business School.
 

Quelles ont été les grandes étapes de ton parcours depuis ta sortie d'ENSTA Paris ?

KS. : J’ai commencé ma carrière à Vancouver au Canada en 1997, à la suite de l’obtention de mon master, chez un éditeur de logiciel en imagerie médicale, ALI Technologies (aujourd’hui la branche imagerie de Change Healthcare). Recrutée au niveau de l’équipe support, j’ai rapidement évolué vers des fonctions de gestion de produit et support technico-commercial.
Début 2000, je suis revenue en France. Rattachée à la branche européenne de la société (Allemagne), j’étais chargée de lancer les activités commerciales en France. Un premier gros contrat a été signé avec le CHU de Toulouse, avec lequel j’entretiens des relations étroites depuis lors. En 2002, j’ai co-créé XPRIM, représentant en France d’ALI Technologies, cédé quelques temps après à McKesson France (aujourd’hui Maincare) suite à l’acquisition d’ALI Technologies par McKesson US (aujourd’hui Change Healthcare). J’ai assuré la direction de la branche imagerie chez McKesson France jusqu’en 2005.
De 2006 à 2014, j’ai travaillé au sein du GIP télésanté Midi-Pyrénées (aujourd’hui e-Santé Occitanie) où j’ai assuré le management de différents projets : télémédecine, dossier médical partagé, système de gestion mutualisé d’images médicales.
En 2014, je suis retournée à l’école (Toulouse Business School, Executive MBA), afin d’enrichir mon bagage technique avec des compétences en stratégie, finance et marketing, en vue de développer mon projet de création d’entreprise.
J’ai créé Medexprim en 2015, avec pour mission de faciliter l’exploitation de données médicales, et notamment d’imagerie, pour la recherche. J’ai passé la présidence de la société en 2020 pour me focaliser sur la stratégie produit et assurer la coordination technique du projet européen Chaimeleon (rôle que j’occupe toujours aujourd’hui), puis quitté l’équipe opérationnelle en 2022. Medexprim est leader sur son marché en Europe et compte 40 personnes.
Actuellement, je suis consultante et business angel (membre du conseil d’administration de Capitole Angels et membre de Femmes Business Angels). Surtout, je lance ma nouvelle startup : Avrio MedTech.
 

De ton point de vue, quel rôle a ou doit avoir l'ingénieur ENSTA dans le domaine de la santé ?

KS. : L’ingénieur ENSTA Paris, de par sa formation généraliste, mais complète, a la capacité de prendre en compte une problématique dans sa globalité, tant sur les aspects techniques qu’organisationnels, fonctionnels ou stratégiques. Il a la capacité d’identifier les root causes du problème, à distinguer l’important de l’urgent, à imaginer des solutions innovantes en privilégiant les quick wins. Il intervient en équipe et sait identifier les ressources dont il a besoin pour compléter ses propres compétences. Il n’y a pas de parcours type et chaque individu pourra évoluer selon ses appétences, qu’il s’agisse d’un parcours d’expert technique ou de manager.
 

Peux-tu nous donner l’exemple d’une action, d’un projet significatif que tu as mené en matière de santé ?

KS. : Au-delà du développement de la société Medexprim, je dirais que la conduite du projet d’imagerie médicale en Midi-Pyrénées a été significatif en matière d’amélioration de la prise en charge des patients. Grâce à ce projet, tous les établissements de la région ont pu bénéficier d’un archivage numérique de leurs images. L’interprétation des examens d’imagerie a gagné en qualité, notamment grâce à un accès systématique aux examens antérieurs, élément particulièrement important en cancérologie.
 

En quoi ta formation à ENSTA Paris t’a-t-elle aidé ou t’aide-t-elle dans cette action ? Dans ta fonction en général ?

KS. : Sur le plan technique, mes années de formation ont été marquées par les débuts de l’Internet et m’ont apporté le bagage nécessaire pour démarrer ma carrière. En plus de ma formation technique, j’ai acquis une grande autonomie et des méthodes de travail. Au-delà de la partie pédagogie, je dirais qu’ENSTA Paris a forgé mon caractère, notamment au travers de mon implication au sein d’Ingénieurs Sans Frontières, ayant présidé l’antenne locale en 1994 / 1995.
 

Gardes-tu un souvenir anecdotique de l’école ?

KS. : Les courses de caddies dans les couloirs de l’école, boulevard Victor…
 

As-tu des conseils à donner aux élèves actuels ?

KS. : Soyez curieux, impliquez-vous dans des associations, restez modestes et soyez conscients des compétences que vous ne possédez pas et sachez vous entourer.
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